« Ne cessez jamais d’être capricieux »
Facundo Arana, l’intimité d’un homme à succès.Dans son parcours, la ligne de graphite laissait dans les grandes lignes des indices de l’univers des petites choses fugitives de l’imagination de l’enfant qu’il dessine compulsivement. Chaque feuille blanche était un ticket de vol vers la frontière entre la fable et la réalité. Le temps a soufflé les dessins, l’enfant a grandit, le rôle a pris vie et le crayon, la liberté. Facundo Arana (34 ans) continue de jouer chaque matin à être un homme, acteur, amant. Et, peut-être, c’est cette réminiscence infantile qui le projette comme un « bon garçon ».
- Qu’est ce que vous en pensez, lors qu’on dit de vous que vous êtes « parfait » au regard des autres ?« Je suis reconnaissant et j’apprécie beaucoup. Je ne suis pas en conflit avec les gens qui croient que je suis le fiancé idéal, le gendre parfait et le fils exemplaire. Ca me rend joyeux, pas pour moi mais pour mes vieux parce ce qu’en tout cas, je suis le résultat de leur travail. »
- Qui a-t-il de vrai sous cette image ?« Répondre serait de chercher une autodéfinition, et je n’aime pas porter des étiquettes. Ni par mes proches ni par les gens qui m’en attribuent. Je suis seulement une accumulation de choses infinies qui sont combinées comme elles peuvent. »
Il est récurrent que Facundo Arana échappe à tout déterminisme parce que, comme il l’explique lui-même : « Les paramètres impliquent des limites, et personnellement je désire continuer à jouer. Je sais que je ne peux pas voler et ne peux pas respirer sous l’eau, mais je peux monter en avion et me relier à une bouteille d’oxygène. »
La mémoire apporte la brise de l’océan Atlantique et la transforme en une plage où un enfant court impunément, parce ce que sa peau est une limite suffisante pour contenir son imagination. Jorge, le premier de ses prénoms – suggéré par sa grand-mère paternelle- était suprêmement introverti et irrépressiblement soucieux. « Nous passions les étés à Miramar, dans une maison très proche des quai », a dit Facundo en reprenant les mots de sa mère. « Parfois je disparaissais, et mes parents savaient où me trouver. Je pouvais passer des heures sur la jetée des pêcheurs, à incarner les crochets et en espérant qu’il y aurait un ressentiment pour les informer que j’étais le plus efficace des collaborateurs. »
Comme présage d’un défi des limites qu’il brandirait durant le reste de sa vie, Facundo, qui n’attendra pas la décennie, avait la manie de monter sur les arbres les plus hauts, aussi haut que possible, avec un seul objectif : « Sentir le vertige de ne pas pouvoir descendre avec facilité ».
Arrivé récemment en mars, et avec lui l’autre cycle scolaire dans le collège bilingue Moorlans, à Tortuguitas, il entamait une autre routine d’un bulletin avec des qualifications inconfessables. « J’étais un élève horrible, mais ils ne voulaient pas l’admettre. Je passais mon temps à dissiner, dedans et dehors du collège, en sachant qu’en décembre ou mars, ils rendaient les notes dans chaque matière sans problème. »
-Que dessiniez vous ?« De tout. J’étais très bon dessinateur, mais derrière le fait artistique, je mobilisais la magie de la feuille blanche et le pouvoir de transformer ce vide en une galaxie de chose. »
- Où est resté cet art tout ce temps ?« Ici. Quand je me suis rendu compte que je dessinais trop je suis passé à une autre activité. »
- L’enfant introverti que vous étiez a laissé sortir le Facundo que vous êtes ?« C’est que j’étais Facundo, le même qu’aujourd’hui. Actuellement, ma profession m’oblige à m’exposer massivement, mais je suis un homme très introverti. Je parle avec qui je veux parler et je dis ce que je veux dire, mais je ne me mets pas en retrait. »
- Etes-vous étiqueté ?« Je remarque seulement que l’un des aspects que, sur le grand ou petit degré, nous en avons tous. »
- Qu’est ce qu’il reste de l’enfant ?« La capacité de rêver et la facilité pour la fantaisie. On ne peut pas vivre sans au moins l’un des deux, parce que ça serait comme mettre une barrière à l’âme. »
- Pouvez-vous nous rapporter certaines de vos fantaisies ?« J’en ai tellement que je ne pourrais pas approfondir un seul, mais après tout, mes fantaisies sont exclusivement les miennes. »
- Y’a-t-il des vestiges de caprices infantiles qui vous sont restés ?« Enfant, je n’ai jamais été capricieux et j’ai cessé de l’être…(il réfléchit). Je suis capricieux maintenant, mais en bien. Les années m’ont permit de savoir quand, comment, où et jusqu’à quel point je le suis. »
Quelque chose de rebelle, audacieux et caprixieux.
Avez-vous eu eu beaucoup de punitions ?« Jamais. »
C’était trop tard, quand arrivait le commentaire qui donnait un virement de jeu. « J’ai expérimenté quelque chose qui m’a divisé la tête – a commenté son meilleur ami-, je veux que tu m’accompagne en seconde classe de théâtre. »
« Va chercher un autre compagnon, moi je n’y vais pas », a répondu Facundo plusieurs fois durant les semaines suivantes. « J’avais 15 ans quand il a convaincu en insistant, il a intégré l’atelier d’
Alicia Muzzio. Il ne l’a plus jamais quitté.
- Quel a été l’avis de votre famille ?« Qu’ils étaient d’accord ou non, ce n’était pas leur choix. Ma mère, mon père et mes 3 sœurs m’ont toujours accompagné, protégé et respecté. J’en étais fière parce que c’était par ce qu’on devait passer dans toute bonne famille
La romance entre Facundo et le saxo est arrivé il y a 3 ans de mélodie blues exquise, peut être un peu nostalgique pour la période de jeunesse.
- Avez-vous été un adolescent mélancolique ?« Je l’ai été et je le suis encore. Traverser tous les états d’esprits seul, mais quand je le suis, le sentiment me parcourt tout le corps. Et d’un point de vue, il me paraît enrichissant, parce que pour savoir rire avec intensité il est nécessaire de savoir jusqu’où va notre capacité à pleurer.
En 1989, les médecins ont diagnostiqué chez Facundo le mal de Hodgkin, et le cancer est issu de ganglions lymphatiques du corps du jeune âgé de 17 ans. Après 10 mois de traitement et 5 années sous surveillance, ils lui ont donné une autorisation pour continuer à jouer.
- Comment continuer à jouer après une épreuve de cette ampleur ?« Je ne sais pas, je crois que je ne le saurais jamais. Parce qu’après cette tragédie, beaucoup de choses sont survenues, peut être plus fortes qu’un cancer. J’ai seulement continué de vivre. La vie est une construction du temps où passe beaucoup d’eau sous le pont. On devient fort seulement quand on est dans cette situation parce qu’on en parle beaucoup.
En voyant son intérêt pour le saxo, un saxophone de rue l’invita à jouer avec lui c’est alors qu’Arana s’est vu trouver son propre espace. Durant 10 mois, il innondait la station Pueyrredón de musique, de la ligne D au porte du métro et il a attiré l’attention d’un des producteur du feuilleton « Canto rodado », qui l’a convoqué pour un casting de jeunes talents.
- Vous et le destin. Qui a choisit quoi ?« Je pense toujours qu’il fera ce qu’il veut et en réalité il terminera en faisant ce qu’il peut. Dans mon cas particulier, ce que j’ai fait était ce je voulais et ce que je pouvais faire de plus. Je crois plus en les facteurs de volonté et de persévérance. Si quelqu’un n’arrive pas dans la vie c’est parce qu’il ne s’est pas assez donné. »
- Qu’aurait été Facundo Arana si il avait joué du saxo dans une autre gare ?« Je serais à des milles choses de ce que je suis. Entre elles le fait d’être acteur parce que le titre d’acteur ne donne pas le travail à la télévision. J’aurais gagné ma vie en jouant du saxo, dessinant, en étant acteur de rue comme ce que j’ai fait au Plaza Francia où on faisait des narrations d’auteur. »
Et dans le jeu que qu’il confessa jouer, Facundo a fait irruption dans un vestibule de scénario et a porté de nombreux et variés déguisements. Il a été fugitif au cinéma, un agent du central d’un commissariat et a été jusqu’à être prêtre, entre autres. Actuellement protagoniste aux côté de
Natalia Oreiro, « Sos Mi Vida » (Canal 13), le feuilleton télévisé leader en audience.
- Le succès a-t-il provoqué un conflit entre vous et votre égo ?« Tout est tellement arrivé en peu de temps que je ne me suis pas rendu compte. Grâce à dieu, je n’ai jamais eu de problème avec l’égo, c’est quelque chose tellement sensible et difficile à dominer quand il est hors de contrôle. Dans ces cas là, on doit penser aux grandes vérités comme par exemple,
China Zorrilla ou
Pepe Soriano et la manière dont ils ont parcouru leur carrière. Je n’aime pas non plus le mot « succès ».